Quantcast
Channel: Trames nomades - livres
Viewing all 45 articles
Browse latest View live

ALEP… Prendre le temps de lire et de regarder…

$
0
0

SYRIE.jpgD’abord, le récit bouleversant de Karam Al-Masri, jeune photographe, correspondant syrien de l’AFP, sur le blog de l’AFP… https://making-of.afp.com/couvrir-alep-la-peur-au-ventre-et-le-ventre-vide 

 

 

 En complément utile, l’éditorial, très juste, de Laurent Joffrin : « Cyniques »… La barbarie cynique du couple Assad-Poutine, l’impuissance ou le cynisme complice des témoins… http://www.liberation.fr/planete/2016/09/26/cyniques_1511400 

J’ai écrit, hier ou avant-hier, ailleurs, ceci, que je reprends ici : « Si on ne se sent pas concerné par cela, tout le reste est inutile : écrire, peindre, photographier, danser, chercher, ou... méditer... Tout le reste est alors contemplation vaine et vide de son ego… » 

J’ai aimé une oeuvre de Jean-Marc Musial, titrée « Sortir de l’enfer », que j’ai associée (mon regard intérieur) aux photographies d’Alep, parents dévastés devant le corps de leur enfant, enfants fuyant (tentant de fuir). J’y voyais la même douleur, le sang, les pierres, le désastre. Heureusement, l’art peut dire le réel, en sortant des médiocres  remuements sentimentaux. Ses oeuvres sont visibles sur sa page Facebook (« Un dessin par nuit »). Une autre création m’a retenue, très sombre, très nocturne, j’y ai vu des yeux effarés (où je les ai inventés : peu importe, c’est fait pour cela, pour qu’on invente aussi, qu’on projette rêves et angoisses, et tristesse de l’impuissance contre la violence et la guerre…). Page : https://www.facebook.com/undessinparnuit 

« Éloge de la haine », couverture paradoxale comme icône symbolique de cette note contre la violence, la guerre, et la haine. Justement. Pour la référence nécessaire (connaître par les Syriens les problématiques réelles, leurs racines, et tenter de comprendre la réalité dramatique pour laquelle, simples citoyens, nous nous sentons si impuissants). 

Donc, des livres… Écrivains syriens, L’Orient littéraire : http://lorientlitteraire.com/article_details.php?cid=16&nid=3519 

Déjà, en 2012, Khaled Khalifa le disait, Nouvel Obs. Complicité internationale… http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2012/02/08/lecrivain-syrien-khaled-khalifa-le-monde-entier-est-complice-du-sang-verse-229181 

et... Le Monde... https://www.actualitte.com/article/monde-edition/l-ecrivain-syrien-khaled-khalifa-denonce-le-silence-et-la-connivence/31085 

Entretien avec Khaled Khalifa, 2011, au sujet de son livre « L’Éloge de la haine »... http://www.jeuneafrique.com/191163/culture/khaled-khalifa-en-syrie-la-haine-est-attis-e-par-le-pouvoir/ 

Page sur le livre, Actes Sud... http://www.actes-sud.fr/catalogue/sciences-politiques-et-geopolitique/eloge-de-la-haine 

Pour s’informer régulièrement sur la Syrie, « Un oeil sur la Syrie », blog Le Monde... http://syrie.blog.lemonde.fr


Silence, on danse… Silence, on médite… et tisse.

$
0
0

DANSE.jpg

 

« La danse est une forme de foi, une espérance, disait-elle. C’est une aspiration, le besoin d’atteindre un univers, une atmosphère, un état qui vous fait progresser, la recherche d’une vérité. »

Yvette Chauviré, danseuse étoile (citée par Rosita Boisseau, Le Monde, ample article du 20-10-16 qui lui rend hommage après sa mort, le 19 octobre) http://www.lemonde.fr/culture/article/2016/10/19/mort-de-la-grande-danseuse-etoile-yvette-chauvire_5016766_3246.html#pYbzlrWuJdPMc7lx.99 

Avant le 19 octobre, je voulais, depuis quelques jours, faire une note brève sur Masatake Ito, danseuse qui laisse son corps bouger en fluidité totale, osmose étrange entre elle et le vent, l’herbe. Contemplant cet instant magique de beauté absolue (ode à la vie) j’avais associé cette fusion avec les éléments à la pratique du chi qong spontané : rien de formel mais un laisser faire de l’énergie qui décide du geste. On est, regardant sa danse, devant une prière cosmique. Les mains envoient leurs spirales en ondes immenses qui rejoignent le ciel lointain, et plus, mais l’ancrage est total, pieds arrimés à la terre, plongeant leurs racines invisibles. Quand j’ai lu cette citation d’Yvette Chauviré j’ai trouvé qu’elle correspondait aussi (en partie au moins) à ce qui émane de Masatake Ito (lien vers une vidéo, en fin de note : magie d’un instant). Autre association naturelle, celle qui concerne un livre, « La danse des femmes » de Rosina-Fawzia Al-Rawi (née en Irak), où la danse (orientale) est présentée, étudiée, comparée, dans la même perspective que ce lien que je fais entre danse et pratique du chi qong avancé. Danse avec ses rituels d’initié(e)s, son mystère, voie pour faire émerger ce qui peut sourdre au-delà des blocages physiques, émotionnels, ou mentaux, et mystère de l’accès à soi. Tout un savoir est là, transmis de génération en génération. (Éd. Almora, 2011). Présentation détaillée sur une page d’Amazon (citation : « Elle détaille précisément des exercices qui ouvrent les centres d’énergies et nous permettent aussi de retrouver une harmonie intérieure. La danse concerne tout le corps et Fawzia nous montre comment ressentir chaque partie du corps pour nous ouvrir à notre espace intérieur de vie et de vibration. En reliant également la danse orientale à la mystique soufie et notamment à la danse des derviches tourneurs, Fawzia explique la dimension mystique et ésotérique de cette danse. »). Lien vers cette page (et d’autres, dont l’édition) sur cette note du blog, de 2011 « Conscience sans objet ». (J'ai remarqué aussi qu’au 25-10-16 on trouve un entretien avec Abdennour Bidar au sujet de son dernier livre, « Les Tisserands, réparer ensemble le tissu déchiré du monde » : http://consciencesansobjet.blogspot.fr/2011/11/rosina-fawzia-al-rawi-al-rifai.html 

Le titre de cette note s’est imposé, par l’association qui s’est faite naturellement entre danse, méditation, et silence (même si la danse est souvent soutenue par la musique). Silence, aussi, de la mort. L’étoile disait que les rôles mouraient et renaissaient, recréés par une danseuse après une autre qui cessait ou disparaissait. Silence, quand on fait des pauses, comme l’explique très bien Alain Gourhant dans sa note de blog, « Pause, silence et poésie ». Silence comme espace de devenir, de ce devenir non obsédé par le futur personnel du petit « moi » mais ouvert au tissage du monde (qui a, oui, besoin d’être réparé par tous les tisserands de liens et d’art) : http://blog.psychotherapie-integrative.com/pause-silence-et-poesie/

Un documentaire a été consacré à Yvette Chauviré par Dominique Delouche, « Yvette Chauviré pour l’exemple ». Extrait sur cette page : http://www.filmsdocumentaires.com/films/1184-yvette-chauvire-pour-l-exemple 

Sur la page de FranceInfo l’article sur la danseuse étoile disparue est complété par deux vidéos, deux moments forts (Giselle, Le Cygne) de cette « étoile étincelante » : http://culturebox.francetvinfo.fr/scenes/la-mort-d-yvette-chauvire-etoile-etincelante-de-la-danse-au-xxe-siecle-247615 

Regarder Masatake Ito. Vidéo. Le son est un peu brouillé, mais ce qui importe est la danse du corps : on peut mettre sur silence si cela gêne… (Je n’ai rien trouvé d’autre sur elle, ni article ni lien quelconque.) : https://www.youtube.com/watch?v=bgGIUQr5uTU 

Laïcité, femmes, nudité. Le regard de Delphine Horvilleur, « rabbin laïque »…

$
0
0

RABBIN.jpgTrès pertinente la manière dont elle pense l'opposition entre les deux conceptions de la laïcité telles qu'elles se définissent en France et aux USA. Protéger d'abord les croyances des "empêchements" et limitations qui peuvent être imposées par l'État, cela aboutit (il me semble) à des aberrations, comme les pressions pour imposer le créationnisme dans l'éducation, sous prétexte de conviction religieuse et de droit d'expression. Cela autorise toutes les dérives et donne du pouvoir aux fondamentalistes et intégristes. Alors que la conception française veut protéger l'individu des risques fondamentalistes. (D'où l'aversion que les intégristes ont pour la laïcité : laïcité sans adjectifs...).

« Les Américains sont les héritiers d’une séparation de l’Église et de l’État destinée à protéger les croyances individuelles de la pression étatique. En France, c’est l’inverse. On a voulu protéger l’État et les individus des pressions religieuses. La laïcité à la française est là pour garantir à l’individu, quelle que soit son appartenance, la possibilité de parler à la première personne du singulier sans pression d’une première personne du pluriel. Sans pression du “nous” communautaire.». (Une des citations d’un article sur Delphine Horvilleur, Le Devoir, Canada)... http://www.ledevoir.com/societe/ethique-et-religion/490939/le-rabbin-laic

« En tenue d’Ève », de Delphine Horvilleur. Livre sur la femme, la nudité, le regard, le corps. Citation (extrait de la page éditeur, Grasset)… « Les discours religieux fondamentalistes actuels expriment une obsession croissante de la pudeur des femmes. Réduite aux parties de son corps susceptibles d’éveiller le désir, la femme est « génitalisée » à outrance. Faut-il alors couvrir sa nudité ? Faut-il la renvoyer à son destin : le voilement ? »… http://www.grasset.fr/en-tenue-deve-9782246787457

CAMUS, lire et relire ses « Carnets »…

$
0
0

CARNETS... .jpg« Carnets », journal de pensée, journal d’écriture… Livre de chevet, comme le Journal de Kafka. De ces livres lus et relus...

Mais là je reprends (et commente) deux citations posées sur des pages Facebook dédiées à Camus, ces pages littéraires qui font relire des fragments au hasard. Parfois c’est « Albert Camus », parfois « Albert Camus, pensée du jour ». Et j’en ajoute une, en feuilletant l'ouvrage… 

...

"Pourquoi suis-je un artiste et non un philosophe ? C'est que je pense selon les mots et non selon les idées".

Artiste, oui. Poète (lisez Noces...!). ET philosophe. Un des seuls à avoir su penser les totalitarismes sans se laisser fasciner par eux. Et, lui, était en résistance quand il le fallait, quand un Sartre posait des textes dans des feuilles collaborationnistes et signait (comme Beauvoir) l'engagement qui les faisait affirmer (sur l’honneur?!) qu'ils n'étaient ni Juifs ni francs-maçons, pour pouvoir rester dans l'Éducation nationale pendant l'Occupation...! Un philosophe n'est pas un constructeur de systèmes. C'est un penseur qui donne de quoi élaborer une conscience, individuellement et collectivement. Lisez ses "Écrits libertaires", regroupés par Lou Marin, ce chercheur allemand qui a retrouvé tant de textes dispersés dans des revues libertaires du monde entier...

"Paris ou le décor de la sensibilité"... (La page Facebook"Albert Camus, pensée du jour" avait associé cette citation à une photographie de Paris vu de l'espace...).

Paris pensé par Camus… Pensée de metteur en scène, qu'on peut interpréter diversement : force du lieu, richesse sensible possible, ou mirage qui cache les froideurs, ou tout cela en même temps... De Paris, Camus percevait des aspects plus angoissants (autres textes...). L'espace gris, la pluie, qui, malgré la beauté, réveillaient la nostalgie d'un univers méditerranéen solaire (Algérie, Espagne, mais aussi un certain sud en France, celui de son ami si cher, René Char... ou des paysages italiens). Et puis Paris, ce fut pour lui des vécus très divers, entre l'amitié des Gallimard, d'un côté, et l'hostilité d'un certain milieu d'une bourgeoisie intellectuelle rejetant le fils de pauvres et (comme il le dit) l'Algérien en lui (et sans doute l'Espagnol - par sa mère et ses liens vitaux - l'Espagnol  libertaire, surtout…).

Et j’ajoute ceci (Carnets 1945-48) : « Il n’y a pas de justice, il n’y a que des limites. » 

J’associe cette pensée à l’éthique du père de Camus « Un homme, ça s’empêche ». On pose des freins à la violence des êtres, des mots contre les masques du langage. Sans illusion, on résiste à l’injuste. 

LIENS… 

Gallimard, Folio : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Carnets-I-II-III 

Fabula, un appel en 2010 pour un colloque (et quelques pistes de lecture)... http://www.fabula.org/actualites/article35111.php 

Fiche wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Carnets_(Albert_Camus) 

Nombreuses citations, dont fragments des Carnets… http://www.laculturegenerale.com/citations-albert-camus/ 

PASSANTS… « Nous sommes tous des passants », dit Achille Mbembe, historien et philosophe…

$
0
0

Mbembe.jpg« Nous sommes tous des passants »… Alors pourquoi nous emprisonner dans des certitudes identitaires qui nous font nous méfier des autres et causent le racisme? Prenons conscience que nous sommes « tous des passants » et lâchons l’inutile piège identitaire. Passionnant texte d'Achille Mbembe

Tous « passants », prisonniers qui doivent se défaire des pulsions morbides des fausses appartenances. C’est à la fois vrai et incomplet...  Vrai à un niveau de haute sagesse, celle de ceux qui ont fortement la conscience du passant qui se sait éphémère sur cette terre (même si tous se savent mortels...). Cependant on naît quelque part, imprégné de l'esthétique des paysages du lieu,  des parfums de la région, des goûts des recettes.  Et nous pensons d'abord dans une langue (ou bi-langue). C'est à partir de cela que nous trouverons le goût des autres et le goût d'ailleurs... Pas en nous déracinant de notre culture au sens privatif, mais plutôt en nous enracinant dans des liens avec ce qui nous était au départ étranger. La haute sagesse d'une conscience identitaire élargie à la planète (et plus, cf. pensée du tao, par exemple) n'est pas opposée à un ancrage. Je complèterais (et corrigerais) cette profonde réflexion du philosophe par celles qui sont développées dans deux ouvrages. Celui d'Amin Maalouf, "Les identités meurtrières" (il dénonce le danger du communautarisme, mais ne voit pas comme idéale une uniformisation illusoire et pauvre...). Et celui d'Amartya Sen,  "Identité et violence" : il définit le multiculturalisme - où les cultures plurielles se rencontrent et s'enrichissent - qu'il oppose au mono-culturalisme (où les communautés sont refermées sur elles-mêmes, coupées des autres) : la pluralité culturelle traverse d'abord l'individu... Et donc, sage peut-être mais ancré, pluriel lui aussi, l'individu, loin des prisons mentales de communautés figées,  baigne dans la richesse du multiple... Je crois qu'il vaut mieux penser que tout peut se croiser et interférer.

Extrait : « Malheureusement, le propre du moment néolibéral est de libérer toutes sortes de forces obscures et perverses que l’on était plus ou moins parvenu sinon à dompter, du moins à reléguer dans le domaine des tabous dans un passé pas très lointain. Tel est le cas du racisme, mais aussi de toutes les pulsions autoritaires dont il faut  répéter qu’elles n’épargnent pas les démocraties libérales. / On ne l’a pas suffisamment fait ressortir, mais à la racine du racisme propre aux sociétés prises dans les rets du néolibéralisme se trouve la difficulté de jouir. Cela étant, les pulsions racistes sont ­devenues des pulsions de type libidinal. / Pour fonctionner, le racisme a besoin de la fiction selon laquelle il y aurait des corps purs, des cultures pures, du sang pur. Or, il n’existe aucun corps humain qui soit pur, diaphane. En matière de corps, de religion, de culture ou de sang, le blanc n’existe tout simplement pas. Tous les corps sont gris ocre et obscurs. Et c’est ce qui fait d’eux des corps vivants et humains, et à ce titre poreux, ouverts sur ce qui les fait vivre, sur la chair du monde. »

Lien, Le Monde, 24-01-17... http://mobile.lemonde.fr/idees/article/2017/01/24/nuit-des-idees-achille-mbembe-l-identite-n-est-pas-essentielle_5068460_3232.html?xtref=http%3A%2F%2Fm.facebook.com%2F 

Achille Mbembe a publié un essai sur les nationalismes, et leur lien avec l’évolution autoritaire des pouvoirs, les passions guerrières, la violence. « Politiques de l’inimitié », 2016. Vers un au-delà de l’humanisme. Page de l’éditeur : http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Politiques_de_l_inimitie-9782707188182.html

Le livre de Charb...

$
0
0

CHARB.jpgOui. Le livre de Charb sur la notion d'islamophobie vaut lecture et réflexion. Il est nécessaire. Deux points me gênent cependant dans ce bref ouvrage dense : la conviction communiste un peu butée, et la certitude athée, avec un certain mépris pour ceux qui ont une foi quelconque. Il pense que seul l'athéisme est le choix rationnel, cela est un peu arrogant, alors que l'athéisme est une croyance comme une autre (seul l'agnostique laisse le doute rationnel ouvert, d'une part, et, d'autre part, les grands textes mystiques sont le signe d'unie évidente maîtrise de la raison, que leurs auteurs confrontent à leur expérience d'un mystère transcendant...). Mais tout le reste est essentiel. Totalement. Car il pose les principes d'un absolu refus des manipulations idéologiques, quelles que soient leurs sources. Et parce qu'il permet d'inscrire des principes clairs, qui peuvent servir d'éclairage pour dénoncer des manoeuvres intégristes et des complaisances inacceptables…

Ce qui est inquiétant c’est que des représentations scéniques de ce texte (spectacle créé par le metteur en scène Gérald Dumont) ont été annulées par deux fois (Lille et Avignon). 

LIENS… 

Article du Monde, 2015. « Le livre posthume de Charb » … http://lemde.fr/2olfu6l  

Le spectacle programmé refusé à Lille et Avignon. Une forme de censure. Page sur LCI, « La lettre de Charb aux escrocs de l’islamophobie fait-elle peur? »… http://bit.ly/2nG0BIB 

Article du Figaro, « Le pamphlet posthum de Charb sur l’islamophobie censuré à Lille »… http://bit.ly/2orHXV0 

Page de l’éditeur, Librio… http://www.librio.net/Albums_Detail.cfm?id=50440 

Excellent résumé sur la page de Decitre… http://bit.ly/2ok95YG 

« Si le lien des mots à leur référence est coupé… »

$
0
0

FERRARI.jpg« Si le lien des mots à leur référence est coupé, toutes les manipulations sont possibles »

Jérôme Ferrari, entretien, L’Humanité

Acuité des questionnements sur l’actualité, dans cet entretien. L’auteur (qui enseigne la philosophie) publie des chroniques parues dans La Croix (il dit ne pas être croyant mais avoir une sorte d’attirance pour quelque chose qui est de l’ordre de la spiritualité, sans savoir pourquoi). Il a voulu, à travers ces chroniques, ne pas répondre à l’immédiateté vaine, mais prendre le recul de la pensée, appliquer les outils de la philosophie pour poser un regard sur le mouvant des événements, des thèmes de la période. Parce qu’il en percevait la nécessité. L’urgence sans précipitation, en quelque sorte. Et effectivement il met l’accent sur des failles  importantes qui menacent la communication et l’information : les fausses vérités auxquelles des gens vont croire et les réalités factuelles qu’ils refuseront de prendre en compte en croyant faire oeuvre de vigilance, alors qu’ils se laisseront prendre aux pièges du complotisme ou de ces « faits alternatifs » inventés par des manipulateurs. Il repère, pour l’avoir étudié sur lui-même, les modalités de l’enfermement dans des codes conformes (le groupe, le courant, la norme militante qui refuse la complexité, le doute, le retrait et le questionnement dérangeant de l’individu). Il examine le lien entre le social et ce qui fait cadre autrement, pour interroger la crise politique que nous vivons (la présidentielle en est un symptôme…). Et enfin (parmi les éléments que je choisis de citer, parce qu’ils me semblent centraux, il questionne, d’un côté, les pièges identitaires et leur instrumentalisation politique (nation figée, appartenance close et univoque), et, d’un autre côté, le fondamentalisme religieux, particulièrement dans une dérive de l’islam en islamisme (dérive qui est associée à un autre piège identitaire, quand l’identité se mêle à des concepts liés au sacré). 

Citations (entretien) : « En 1951, Hannah Arendt a écrit : « Le citoyen idéal d’un régime totalitaire n’est pas un militant convaincu, c’est quelqu’un pour qui la distinction entre vérité et mensonge n’a plus aucun sens. » Nous y sommes : » (…) « Mon expérience m’a guéri du militantisme. Il conduit, selon moi, à une grégarisation de la pensée. Je parle d’un conformisme social qui imprègne les individus et n’a rien à voir avec leur intelligence. » (…) « Les superstructures ne correspondent plus à la réalité sociale. Peut-être qu’en France l’explosion de la droite et de la gauche, pour des raisons assez symétriques, est le signe de cette crise. Avec des choses inacceptables : être un homme politique, voir les tentations identitaires, le gros danger qui guette, et trouver que c’est une bonne idée d’en jouer, c’est criminel, indigne. » (…) « Avoir vécu dans des pays arabes à majorité musulmane permet de faire l’expérience de la pluralité de l’islam, de constater que, de fait, c’est la version fondamentaliste qui tend à se répandre majoritairement. C’est inquiétant parce que cela tend à valider l’identification qui est faite ici entre islam et fondamentalisme. » 

L’entretien, L’Humanité, 24 mars 2017... http://bit.ly/2nYeSDb 

Deux liens sur le livre qui reprend les chroniques de La Croix : « Il se passe quelque chose », de Jérôme Ferrari, Flammarion… 

La Cause littéraire… http://www.lacauselitteraire.fr/il-se-passe-quelque-chose-jerome-ferrari 

Fiche Decitre… http://www.decitre.fr/livres/il-se-passe-quelque-chose-9782081408838.html 

COMPLEXITÉ. Le voile inquiétant... et le voile autrement.

$
0
0

DIAMS.jpgLaïque inconditionnelle, oui. Exaspérée par les injonctions des intégristes qui utilisent le voile des femmes comme marqueurs, et désirant combattre leur idéologie à visée politique, oui. (D'ailleurs,  j'ai diffusé l'info sur la manif des femmes sans voiles, pour ce droit de refuser et d'analyser les enjeux et la portée). MAIS je tiens au regard complexe sur des faits complexes. J'ai lu avec intérêt le livre important de Fawzia Zouari, "Je ne suis pas Diam's", contre le voile,  qui, dans ce qu'elle en sait, n'a été qu'un porteur de domination et d'enfermement, ravageur, mortel. Cependant je lis aussi les témoignages et analyses qui expriment une autre perception. Et j'écoute. Ne soyons pas naïfs, car les islamistes ne le sont pas, non. Stratèges dangereux, autocrates menaçants et exécuteurs, quand ils ont le pouvoir. Pervers et haineux quand ils manipulent pour y accéder. Mais ne soyons pas non plus d'arrogants justiciers froids. Luttons avec les armes de la laïcité. Refusons les prêches obscurantistes, le complotisme,  l'antisémitisme (tout cela s'associe). Refusons la maltraitance des fillettes qu'on voile, protestons contre les manoeuvres clientélistes de certains élus, ou leur complaisance. Soyons solidaires avec celles qui refusent le voile au péril de leur vie. ET ne soyons pas persuadés de savoir ce qu'il y a dans la conscience d'une jeune fille ou femme qui fait un choix surprenant pour nous, dérangeant. Les sujets, pour combattre la radicalité inquiétante ne manquent pas. Alors prenons un peu distance pour dépassionner celui-ci… Sous les voiles il y a des visages. Ne mettons pas d'écrans entre ces visages et nous. On se croise et on se rencontre dans le hasard du quotidien, il faut que là aussi on laisse entrer ce tissu des liens d'un instant avec des inconnues. Un jour les parfums remplaceront les voiles. Alors faisons l'éloge des parfums, de la danse, des couleurs, et de la lecture. Quant à l'infâme niqab, si laid, la loi existe… Les couleurs, justement. Le fondamentalisme les a en horreur puisqu’il recouvre les femmes d’un linceul (quelle que soit la valeur symbolique que les intégristes puissent donner au noir…). En donner le goût dès l’enfance serait une prévention à ne pas négliger… même si cela paraît à certains un écran dérisoire... 

VOILE.jpgJ’ajoute à cette réflexion des liens… qui renvoient à des analyses diverses.

ENTRETIEN. Le Point, 2015. Fawzia Zouari, journaliste tunisienne, parle du livre ("Je ne suis pas Diam's", éds Stock) dans lequel elle interpelle Diam’s, dont elle nie la légitimité à la représenter, à parler pour elle. Diam’s, convertie, se voilant pour, pense-t-elle, être conforme à sa foi. Diam’s étant à l’opposé de ce qu’être musulmane signifie pour l’auteur… L’article dit bien en quoi et pourquoi elle s’insurge... « Diam’s ne peut pas parler en mon nom »… http://bit.ly/2tAIXZb 

Article de Jeune Afrique, 2015  (journal dont elle est la collaboratrice), sur le livre de Fawzia  Zouari…L’article dit bien en quoi et pourquoi elle s’insurge. (Et mentionne aussi les titres des deux livres de Diam’s, où celle-ci raconte son itinéraire et justifie ses choix.)... http://bit.ly/2eLUt1c 

Présentation du livre, page des éditions StockCITATION : « L’ auteur s’engage avec passion en faveur d’un islam des Lumières, intégré dans le pays de la laïcité dont elle défend les valeurs. »... http://www.editions-stock.fr/je-ne-suis-pas-diams-9782234080942 

Voici un article (Revue des deux mondes, 2016, par Valérie Toranian )qui dénonce la compromission de certaines marques de la mode avec les codes d’un islam puritain, "Fausse pudeur et vraie imposture". Des commentaires divers le suivent (pour, contre, sincères ou de mauvaise foi). J’en retiens un, qui pose le problème de l’injonction renvoyée par ces critiques sans nuances à des femmes qui, pour une raison ou pour une autre, ont choisi le voile : « Arrêtez de stigmatiser le port du voile, vous soumettez vous-même une pression identitaire à ces femmes et elles ne savent plus où elles en sont. Elles qui sont entre 2 pressions l’une politique et l’autre salafiste. Elles sont vraiment courageuses !! Qu’elles portent le voile ou non. » (Cela va dans le sens de ce que je ressens. Poser des questions, oui, mais sortir des certitudes en parlant de vécus qui ne sont pas les nôtres.)… http://www.revuedesdeuxmondes.fr/fausse-pudeur-et-vraie-imposture/  

Mais j’ai trouvé une analyse, 2016  (sur Orient XXI, journal libanais de qualité) d’une chercheuse musulmane, Neslihan Çevik, qui porte un regard nuancé sur la complexité des évolutions, ne signifiant pas forcément l’enfermement qu’on craint (pas pour toutes,du moins). Car elle prend en compte des modifications dans les goûts et la mode où se construisent des identités qui ne se veulent pas conformes. D’où ce courant « hipster » (volonté d’une affirmation personnelle différente des normes religieuses des rigoristes, mais en phase avec l’identité musulmane revendiquée), et cela donne mipster… (le m pour « musulmane »)... « Le foulard islamique, la mode et l’émancipation » http://bit.ly/2tXYQIm  

Et, sur Paris-Match, 2015, le compte-rendu d’une enquête auprès de femmes voilées, « Jamais sans mon voile », avec la mention de deux livres, dont celui de Nahida Nakad, « Derrière le voile ». L’article n’évacue pas le rôle des Frères musulmans dans ces pressions faites aux femmes, et il mentionne le voilement choquant d’enfants, cette maltraitance. Mais il donne la parole à des femmes voilées qui disent leur ressenti (pas toujours compris, ce ressenti, d’ailleurs, par les musulmans de leur famille ou de leur entourage, qui se méfient de leur évolution, et s’interrogent sur le sens que cela a, car effectivement cela peut être aussi signe de radicalisation inquiétante, si le choix est le niqab)... http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Jamais-sans-mon-voile-742316 

ENTRETIEN. Nahida Nakad,Paris-Match, 2013, "Le voile est l'arbre qui cache la forêt". Au sujet de son livre. CITATIONS  (parlant de son expérience des déchirements au Liban sur ces questions d’identité religieuse, et leurs pièges) : « Je suis très respectueuse de l’importance de la laïcité, et en même temps de la religion. » (…) « J’ai voulu expliquer combien il était important d’apaiser le débat, et de le recentrer sur les vraies questions. Car – et c’est ce que j’espère avoir expliqué dans ce livre - le problème n’est pas le voile, il est ailleurs. Il l’est devenu en France, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. A force de ne regarder que le voile, on laisse passer des choses, on ne fait pas attention à ce qui se passe en profondeur dans la société française, qui est une islamisation réelle, et plus que cela – ce que j’explique dans le chapitre «La Oumma» - ce sentiment d’appartenance à la communauté religieuse plus qu’à la Nation. Or, c’est le plus grand danger qui puisse exister dans un pays. Je l’ai vu au Liban, et je le crains en France – dans une bien moindre mesure, toutefois, car c’est un pays ancien qui a des racines démocratiques bien ancrées, et qui a ses garde-fous. »... http://bit.ly/2vGS0ZH 

« Derrière le voile », de Nahida Nakad, éds. Don Quichotte. Présentation de l’éditeurCITATION : « Les musulmanes revendiquent quant à elles leur liberté individuelle et de culte lorsqu’elles veulent se couvrir, et vivent difficilement l’incompréhension qui leur est opposée. Tous s’appuient sur la même loi, tous s’opposent au nom du même principe. Mais alors, quel est le vrai sens du voile – des voiles ? »…http://bit.ly/2eLLOff 

LIVRES… Si vous mettez « voile musulman, livres » sur google, images, en recherche (« musulman », pour ne pas tomber sur les bateaux à voile…) vous aurez de nombreuses couvertures de livres sur ce sujet… 

BIBLIOGRAPHIES. Il y en a une du CNRS, « Le corps, la voix, le voile », très ample, mais dépassant de loin le thème du voile… http://books.openedition.org/editionscnrs/3675?lang=fr

Celle de Sens critique, 2015, est brève donc incomplète. 13 livres et des pistes. « Le voile : Femmes, islam et visibilité en France »… http://bit.ly/2tXwDS2 

Celle de Préfixes, ample, 2013 (Bibliothèque de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon)  a une introduction qui semble un peu partiale. Le thème englobe des études généralistes sur l’islam et des titres spécifiquement sur le voile. Sont cités Dounia Bouzar (plusieurs fois…), Alain Gresh… Mais aussi, Mohamed Arkoun, précieuse référence, et Abdennour Bidar (regard mystique et authentiquement laïque).. "Le voile islamique en France : une bibliographie"... http://prefixesmom.hypotheses.org/1173

..............  Pour compléter, une adresse précieuse. SITE. Une ample étude sur l’islamisme et le déni à son sujet. Cela permet de rester dans un cadre qui n’accepte pas la naïveté, même si (c’est mon cas) il défend la fraternité, dans le respect des altérités. C’est le feuilleton d'André Versaille, intégralement lisible en ligne, et qui deviendra livre... http://www.andreversaille.be


CHINE. Liu Xiaobo et Liu Xia sacrifiés en silence…

$
0
0

ELEGIES LIU XIAOBO.jpg« Avant que tu rentres dans ta tombe, n’oublie pas de m’écrire une lettre avec les cendres de tes os, et de me laisser ton adresse dans le néant obscur. »

Liu Xiaobo, poème, cité par Libération, 11-12 déc. 2010.

Je reprends cet exergue posé sur une note ancienne, car il convient à la situation. C’est comme s’il se parlait à lui-même, maintenant, ou prêtait sa voix à sa femme… (Mes notes sur Liu Xiaobo ou Liu Xia se retrouvent en mettant le nom en recherche. Elles reviennent parfois un peu en désordre, bizarrement, 2010 avant 2013…).

On a réagi à la mort de l’écrivain avec peine, dans les réseaux sociaux, la presse, et pendant quelques jours les articles se sont succédé. 

Mais en même temps c’était avec une colère rentrée. Car c’est comme si le silence l’avait enfoui toutes ces années, abandonné par le monde (en tout cas celui qui pouvait tenter d’intervenir, les gouvernants - à part des communiqués prudents). Les actions des associations militantes des droits humains n’auront pu le faire délivrer, ni faire cesser le contrôle absolu de la vie de sa femme. Et nous, impuissants, malgré des mots jetés comme des bouteilles à la mer, sur des blogs ou sur des pages de journaux.

VIVRE.jpgD’une certaine manière il aura été amené à la mort, la maladie étant accélérée par des conditions dures de privation de liberté et par les émotions qui devaient être les siennes.

Des années volées.

Il ne faut pas oublier sa femme (voir la pétition associée à un article d’Amnesty international). 

Poète et artiste (ou deux fois artiste) elle a vécu la prison de la séparation, et elle vit maintenant son deuil dans la solitude que lui impose le régime.

Le prix Nobel donnait un retentissement à cet emprisonnement, mais n’a pas changé le regard du pouvoir.

Il fut le visage symbolique de l’ensemble de ceux qui sont arrêtés pour avoir écrit, ou dit, ou en avoir défendu d’autres (les avocats sont nombreux à être poursuivis…). N’oublions pas les autres : blogueurs, journalistes, dissidents divers (dont les adeptes du Falun Gong, qui, pour le régime, ont le tort de critiquer le PC chinois et de revendiquer, comme d’autres révoltés, la démocratie).

J’ai choisi quelques liens, dont une vidéo magnifique d’Amnesty, des articles, et une note d’un site qui mérite consultation pour beaucoup de ses pages, La Chine autrement (où j’ai trouvé aussi une vidéo).

D’abord, deux vidéos… puis des articles ou pages de sites, dont une pétition (Amnesty).

Liu Xia lisant ses textes (poèmes de solitude, blog La Chine autrement)… http://bit.ly/2uzU6fG 

Et la magnifique vidéo d’Amnesty, sur le parcours de Liu Xiaobo… http://bit.ly/2uAkEgH 

Protestation de RSF après la mort de l’écrivain… http://bit.ly/2uh9iPp  

Présentation d’un livre dans la revue en ligne « Recours au poème », « Élégies du 4 juin » (Gallimard, coll. Bleu de Chine). Par Vincent Motard. Citations : « Vingt ans de poèmes. Un par an, pour l'anniversaire du 4 juin 1989, ce jour où des grévistes de la faim chinois, étudiants ou citadins lambda, ont été chassés de la place Tian’anmen. » (…) « Le poète dit non à cette fin possible de la résistance ; il écrit la mort, le sang, les mères en deuil, les jeunes qui ne vieilliront jamais, sa propre jeunesse qui hurle, qui saigne, qui pleure, mais surtout qui veut, non, qui exige de vivre, pas seulement de survivre ; le poing levé, avec de l'encre au bout des doigts. »… http://bit.ly/2vLK0qC 

Le livre, page sur le site de l’édition Gallimardhttp://bit.ly/2tFQDJw

Autre livre, « Vivre dans la vérité »… http://bit.ly/2w2tIZE

Sur Amnesty international en anglais, un article qui déplore la perte « d'un géant des droits humains ». Mais aussi, même page, une pétition pour la libération de Liu Xia, sous leur photographie… http://bit.ly/2tMohQb 

La pétition donnée ci-dessus est nécessaire car la situation de Liu Xia, poète et photographe, inquiète. Voir cet article du Monde (effrayant, ce qui est montré du moment des obsèques)… http://lemde.fr/2u0ysRc 

Des trois sites sur la Chine qui sont dans ma liste « Actu » (marge gauche en descendant) j’ai donc choisi de mettre un lien vers un des deux blogs critiques, La Chine autrement, pour une note récente sur les apparences et la réalité.... « Il y a beaucoup de raisons de se tromper sur les réalités chinoises »… http://bit.ly/2tM40fj 

On peut aussi consulter les dossiers « Chine » du Courrier international, Amnesty, RSF, Acat, HWR...

Kamel Daoud, lire et relire...

$
0
0

DAOUD .jpgKamel Daoud est primé pour une reconnaissance de son oeuvre de chroniqueur engagé pour les droits humains. Lui préfère se dire « concerné », et, oui, il l’est. Oeuvre marquée par la publication d’un choix, ample, de ses textes dans « Mes indépendances », livre publié par Actes Sud. Superbe.

Que ses chroniques soient lues abondamment, elles qui mettent en scène, en quelque sorte, le balancement subtil entre le total "oui"à la vie et la tension du "non". "Mes indépendances". Magnifique écriture d'un grand chroniqueur (nouvelliste et romancier aussi), mais l'écrivain est complètement présent dans les pages profondes, brillantes, du journaliste. Exercice de lucidité, processus de questionnement permanent. La critique, si on lit bien, porte sur les failles des deux rives. Aucune complaisance. Lecteur idéologue ou paresseux, sauvez-vous. Car Kamel Daoud ne propose pas le confort mais la secousse. Il secoue les préjugés, regrette que l'Algérie de 62 n'ait pas eu son Mandela (car un peuple métis en serait né, et une culture plurielle aurait pu être assumée). Il revendique fortement son algérianité (qui passe notamment par la langue). Et dans ce vital ancrage il entraîne Camus, dont il espère que l'Algérie arrivera à récupérer ses "cendres", au sens symbolique, c'est-à-dire à le revendiquer comme sien, autant si ce n'est plus que la France. Cela fait des années que je lis Kamel Daoud, et que je lis les commentaires que ses écrits entraînent. J'ai l'impression que, malgré les attaques qui perdurent (sur des erreurs de lecture), de plus en plus des Algériens le soutiennent, le comprennent, l'admirent.

CITATION, article de Livres Hebdo : « L’écrivain et journaliste Kamel Daoud vient d’obtenir ce jeudi 20 juillet le 16e prix Livre et Droits de l’Homme de la Ville de Nancy pour Mes indépendances, chroniques 2010-2016, pari en février chez Actes Sud. / Ce prix, sous la présidence d'honneur de Vincent Monadé, président du Centre national du livre, lui sera remis officiellement lors du 39e Livre sur la Place le vendredi 8 septembre à Nancy. De manière symbolique, cette année, le jury a souhaité dédié ce prix à l’écrivaine turque Asli Erdogan, qui, après avoir été incarcérée 136 jours, attend son procès et risque la prison à vie. »... Texte intégral...http://www.livreshebdo.fr/article/kamel-daoud-laureat-du-prix-livre-et-droits-de-lhomme-2017 

« Mes indépendances », page de l’éditeur… http://www.actes-sud.fr/catalogue/societe/mes-independances 

Jean d'Ormesson. Juste une citation...

$
0
0

ORMESSON.jpg"N'existent que les êtres dans l'espace et le temps. Dieu n'existe pas puisqu'il est éternel."

Jean d'Ormesson, "Presque rien sur presque tout" (1996)

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Presque-rien-sur-presque-tout

Leçon de mots entre existence et essence, et sagesse d'agnostique tenté par l'envie de dire une transcendance... 

(...Juste une citation... Cependant j'en ajoute une, et un lien...) 

Mise à jour, 16-12-17. Lien vers une ample et fort intéressante chronique de Daniel Guillon-Legeay, qui rend hommage à Jean d’Ormesson en relisant le « Guide des égarés ». Sur IPhilo, 15-12-17. 

jean d’ormesson,presque rien sur presque tout,citation,livre,gallimard,existence,essence,dieu,espace,temps,daniel guillon-legeay,iphilo,le guide des égarésCITATION. « Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à un écrivain est encore de relire et de discuter ses textes. A l’annonce de la disparition de Jean d’Ormesson, je me suis replongé dans son Guide des égarés que j’avais découvert au moment de sa parution (aux éditions Gallimard, en octobre 2016). Pour la première fois de mon existence, je lisais un ouvrage de l’illustre académicien. Il faut dire que, d’ordinaire, mes affinités vont ailleurs… Pourtant, contre toute attente, son Guide des égarés m’avait, sinon convaincu, du moins séduit. Par l’élégance et la lumineuse beauté de son style, la hauteur de vue, le rire malicieux sous lequel perce pourtant un indéniable sens du tragique et, bien entendu, la question centrale à laquelle il s’efforce de répondre : «Qu’est-ce que je fais là ?». »... http://iphilo.fr/2017/12/15/jean-dormesson-le-guide-des-egares-daniel-guillon-legeay/ 

Etty Hillesum. Retour sur une oeuvre magnifique...

$
0
0

ETTY HILLESUM 1  VIE.jpgRetour sur une oeuvre magnifique (à lire et relire infiniment), d’une femme fascinante, à la voix, l’écriture, lumineuse (sa voix non séparable de sa voie, sublime, vécue et écrite...). 

Née en 1914, Esther (Etty) Hillesum meurt à Auschwitz le 30 novembre 1943.

Je viens de découvrir par hasard une note de blog (de juin 2015, lien ci-dessous, avec d’autres) qui m’a fait ressortir encore le livre d’Etty Hillesum, son Journal 1941-43 (journal, et rares lettres du camp de transit, puis le silence), publié au Seuil en 1985, sous le titre « Une vie bouleversée » (disponible maintenant dans la collection Points Seuil. L’édition a publié depuis l’intégralité des lettres, « Les écrits d’Etty Hillesum »).  

Elle savait ce qui l’attendait, l’horreur du camp et la mort. Mais elle voulait le vivre en étant dans ce qu’elle appelait la grâce, cette part d’elle indestructible, cet état devenu son éthique dans son rapport avec elle-même. Son itinéraire était celui d’une recherche de progression intérieure. Elle s’était nourrie de grands textes, et même quand le découragement l’atteignait elle refusait de s’y laisser emprisonner.  Ce Journal est un témoignage spirituel. Dans un contexte terrible qui pourrait détruire toute foi, en n’importe qui, mais pas en elle, qui continue à s’affirmer dans une volonté d’âme. Ce n’est pas un être désincarné, une mystique qui renierait son corps et la capacité de désirer. Loin de là. De nombreux passages du journal témoignent de soin ancrage dans un réel qui sait les élans passionnels et les doutes.

ETTY H JOURNAL 2.jpgC’est bouleversant, impressionnant. 

A chaque fois qu’on met un visage sur un être parmi les millions que le nazisme meurtrier a anéantis on prend de nouveau la mesure de l’horreur. 

Mais ce Journal veut nous donner aussi mesure de la lumière qu’elle tend vers nous. Être-âme, comment le dire autrement ?

Il faut lire ce livre si ce n’est fait. Et le relire. Ouvrir les pages au hasard de temps en temps aussi, comme on le fait des textes des sages et des mystiques. 

ETTY HILLESUM  2 .gifPuis découvrir ensuite l’intégralité des lettres publiées au Seuil… 

Je choisis quelques CITATIONS dans les pages du Journal…

Page 78. «  Un écho flotte encore en moi de la sensation radieuse de dilatation que j’ai connue cette nuit. Paix et espace pour toutes choses. »

p. 138. « La vie et la mort, la souffrance et la joie, les ampoules des pieds meurtris, le jasmin derrière la maison, les persécutions, les atrocités sans nombre, tout, tout est en moi et forme un ensemble puissant, je l’accepte comme une totalité indivisible et je commence à comprendre de mieux en mieux  - pour mon propre usage, sans pouvoir encore l’expliquer à d’autres - la logique de cette totalité. » 

p.180. Lectrice de Rilke, au travail elle s’échappe ainsi : « Et moi, dans un coin, je lis Rilke. »

p. 181. «  En moi un immense silence, qui ne cesse de croître. Tout autour, un flux de paroles qui vous épuisent parce qu’elles n’expriment rien. » 

p.226. « Je vais reprendre ma lecture de saint Augustin. Quelle sévérité, mais quel feu ! »

p. 228. « Une âme est un composé de feu et de cristal de roche. » 

p. 229. « On voudrait être un baume versé sur tant de plaies. »

p.237. Lettre du camp de transit de Westerbork. « Un moment vient où l’on ne peut plus agir, il faut se contenter d’être et d’accepter; Et cette acceptation je la cultive depuis bien longtemps, mais elle n’est valable que pour moi-même, jamais pour les autres. C’est pourquoi ma situation est si désespérante en ce moment.»

p. 238. « Je me sens de force à affronter mon destin, mais pas celui de mes parents. Ceci est la dernière lettre que je puisse écrire librement. Cet après-midi on nous retirera nos cartes d’identité.»

p. 240.«  Ah ! tu sais, quand on n‘a pas en soi une force énorme qui nous permet de considérer le monde extérieur comme une série d’incidents pittoresques incapables de rivaliser avec la grande splendeur (je ne trouve pas d’autre mot) qui est notre inaliénable trésor intérieur - alors on a tout lieu de sombrer dans le désespoir ». » 

LIENS… 

Note de blog, de Marc Alpozzo. « Etty Hillesum, derrière les barbelés la grâce »… Sa note est une chronique sur un ouvrage qui tente de rendre compte des jours qui suivirent la fin du journal et des lettres. « A propos d’Olympia Alberti, ‘Etty Hillesum, l'amour dans l’âme’. » http://bit.ly/2AGVSMC

Note brève (citations), « Journal d’une âme… Etty Hillesum »… Blog Zoher Tahora… http://zoher.tahora.over-blog.com/2014/10/le-journal-d-une-ame-etty-hillesum.html 

Chronique de Sophie Galabru, La Cause littéraire, 02-03-17… http://bit.ly/2kCO73h 

Itinéraire sur les traces d’Etty Hillesum, plusieurs notes de blog (Le moine ruminant…) sur un voyage… Citation (note du 3 juillet 2014) : "Dans une recension du journal et des lettres d'Etty Hillesum, Elizabeth O’Connor (professeure et écrivaine américaine, décédée en 1998) affirme que l’œuvre d’Etty Hillesum est « le document spirituel le plus signifiant de notre époque ». L’Écrivain néerlandais Abe Herzberg, qui a contribué à la publication de l’œuvre d’Etty, affirme quant à lui : « Je n’hésite pas à dire qu’à mon sens, nous nous trouvons ici en présence d’un des sommets de la littérature néerlandaise. » Paul Lebeau parle du Journal d’Etty comme l’un des « événements spirituels et littéraires les plus marquants du milieu du XXè siècle."… http://bit.ly/2CKFNGT

Les huit noteshttps://moineruminant.com/tag/etty-hillesum/ 

LIVRE. « Une vie bouleversée », Journal, coll. Points Seuilhttp://bit.ly/2AZXDIQ  

LIVRE. « Les Écrits d’Etty Hillesum » (intégralité des lettres), éd. du Seuil, 2008. Page de Decitre… http://bit.ly/2zimV2q 

DOSSIER, éd. Arfuyen… http://www.arfuyen.fr/hillesum.html 

SITE dédié, « Les Amis d’Etty Hillesum ». Textes et informations, bibliographie (oeuvres sur elle), documents sonores, liens… http://www.amisdettyhillesum.fr/index.htm 

Page de France Loisirs. Diffusion d’un livre d’Yves Bériault« Etty Hillesum, témoin de dieu dans l’abîme du mal ». (Extrait de la présentation : « Puisant à la fois au judaïsme et au christianisme, elle découvre Dieu au plus intime d'elle-même, sans toutefois jamais adhérer à une confession religieuse. L'auteur trace pour nous un portrait saisissant de cette femme au parcours hors du commun. »)… http://bit.ly/2B1EJBl 

Fiche wikipedia… https://fr.wikipedia.org/wiki/Etty_Hillesum 

Documentaires, en ligne… 

« De mémoire d’homme », de Valentine Cohen… Les textes d’Etty Hillesum…  https://www.dailymotion.com/video/x26w1e6 

Film pour la mémoire historique de l’Europe, et la lecture du livre d’Etty Hillesum… « Etty Hillesum », d’André Bossuroy… Textes donnés à lire et dits, en français. Chant en anglais. Dialogues. Informations. http://www.dailymotion.com/video/xorwkn 

Gilbert Lascault. Un regard essentiel...

$
0
0

ECRITS timides.jpgUn regard essentiel. Une écriture essentielle... 

Critique majeur que Gilbert Lascault.  Nourriture magique que ses chroniques lues régulièrement des années dans La Quinzaine littéraire (puis dans « En attendant Nadeau », en ligne). Livre essentiel que ses "Écrits timides sur le visible", de ces livres coups de foudre qu'on garde précieusement pour des relectures infinies (et qui entrent automatiquement dans la liste pour l'île déserte, réelle ou symbolique).  Bonheur de découvrir une année (il y a deux ans ?),  au Marché de la Poésie, chez Tarabuste, un magnifique volume regroupant critiques et oeuvres commentées, méditées. Une pensée essentielle. Un art. Car son écriture a cette tension entre poésie et philosophie qui est la marque des grands (en tout cas pour moi). Ce vers quoi on doit porter son exigence.  Gilbert Lascault réussit à faire de l'esthétique une éthique. Dans l'esprit (pour moi, encore) de Jankélévitch qui voyait l'éthique (penser la morale) comme un enjeu primordial de la philosophie. Je voyais cela, cette volonté de refuser le regard et les normes qui balisent des frontières sociales, dès les premières pages des "Écrits timides sur le visible".  (Sans parler du titre qui révèle tout de la démarche où le "je" se fait subjectivité humble, par la délicatesse de l'admiration qui effleure en refusant de brusquer avec de brutales affirmations de "sachant"). Leçons de regard d'un "maître" (comme on s'en choisit,  au pluriel). 

E. SAVEURS imprévues.jpgEt merveille, promesse de joies, encore des textes regroupés (voir le lien ci-dessous)… « Saveurs imprévues et secrètes », anthologie, choix de textes sur l’art de Gilbert Lascault, regroupés par  Camille Paulhan, chez Hippocampe éditions, octobre 2017. Chronique de Christian Limousin, sur « En attendant Nadeau »...  https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/12/05/gilbert-lascault-critique/

«  Saveurs imprévues et secrètes », page de présentation sur le SITE des éditions HippocampeCitation : « Les textes réunis par Camille Paulhan pour ce volume sont issus de catalogues, de revues, d’actes de colloque ou de recueils variés, s’étirant sur une période allant de 1968 à 1994. Ils permettent d’appréhender la poésie d’une esthétique apparemment effilochée, manifestement énamourée et définitivement engagée. Les saveurs imprévues et secrètes, ce sont celles qui émanent des œuvres d’art et parmi lesquelles Gilbert Lascault nous guide, comme un nez manipulant des fragrances évanescentes. »…  http://www.hippocampe-editions.fr/actualites/495-gilbert-lascault-saveurs-imprevues-et-secretes.html 

Autres liens… 

E. TARABUSTE.jpgLe livre (superbe) paru chez Tarabuste, « Les chambres hantées de Gilbert Lascault » (Citation de la présentation : « Les chambres hantées » se veut le témoin d’un chaos. Mais l’impression de désordre qui règne dans les chambres de Gilbert Lascault est une impression fausse, comme est fausse l’idée que l’ensemble est chaotique. » (…) « Comprendre, expliciter le monde, serait donc un des rôles de l’artiste qu’est Gilbert Lascault. À l’instar de tous les artistes présents dans cet ouvrage, l’oeuvre de Gilbert Lascault comporte infiniment de lectures possibles. Ce que l’on prétend chaos n’est alors que cette infinité de lectures. »)… http://www.laboutiquedetarabuste.com/fr/collections/nouveaux-points-de-vue/les-chambres-hantees-de-gilbert-lascault/205 

Page des éditions du Félin, introduction au livre de Gilbert Lascault, « Écrits timides sur le visible », 2008 (réédition, première parution en1979, coll.10/18). Extrait de la présentation : « Mais d’autres plaisirs naissent peut-être ailleurs: dans le flou, dans l’effiloché, dans le dispersé, dans l’impur, dans les ébauches de descriptions des particularités qui se refusent aux généralisations. / Loin des certitudes, hors des polémiques, bavard et balbutiant, éparpillé en textes non liés, un discours esthétique (parmi d’autres discours esthétiques possibles) peut tenter d’effectuer un certain parcours: discours nomade, vagabond, qui ne se connaît pas d’ennemis, qui ne se cherche pas de but, qui erre pour éviter l’ennui de son immobilité. Discours timide aussi, toujours un peu indécis. » / « Un tel discours ne sait pas s’il est ou non subversif. Il n’oserait pas se vanter de l’être. Il se croit plutôt inoffensif, un peu perdu, et (comme dit le langage populaire) toujours «à côté de ses pompes». Mais il ne fait pas semblant d’avoir une mission, une fonction, un rôle. Tenir un discours de ce type, c’est nécessairement ne pas vouloir que le monopole de la parole soit détenu par les «missionnaires», les «fonctionnaires», par tous ceux qui parlent selon leur fonction et dont on sait d’avance ce qu’ils vont dire. »… http://www.editionsdufelin.com/o-s-chap-r-373.html 

Essai (textes d’un colloque consacré à Gilbert Lascault), « Les Fables du visible et l'Esthétique fictionnelle de Gilbert Lascault », éd. La Lettre volée, 2003. Citation (présentation) : « Pour décrire le visible, Gilbert Lascault a recours à la fiction. Il invente ainsi une esthétique, plus soucieuse de déployer les ruses et la magie des images que de s’enfermer dans un système. Ce volume prend pour point de départ un colloque consacré à son œuvre qui a eu lieu à Amiens en mars 2002. ». Textes et bibliographie… http://www.lettrevolee.com/spip.php?article998 

gilbert lascault,art,critique,regard,visible,écriture,écrits timides sur le visible,saveurs imprévues et secrètes,les chambres hantées de gilbert lascault,tarabuste,hippocampe,éditions du félin,camille paulhan,la lettre volée,enfers bouffons,fata morgana,lascault,les fables du visible et l'esthétique fictionnelle de gilbert la,la quinzaine littéraire,en attendant nadeauFiction. « Enfers bouffons », éds. fata morganahttp://www.fatamorgana.fr/livres/enfers-bouffons-ou-la-nuit-du-satan-demon

Un article de Roger-Pol Droit, Le Monde des livres, 15-05-2008… Citation... « Entrer dans le musée personnel qu'est son appartement ressemble fort à visiter un de ses textes, où cohabitent inimitablement fiction et philosophie, formes plastiques et tournures de phrases, avec un bizarre tempo lent, dans le genre fantastique chaloupé, qui transforme cette oeuvre rare en un monde délicieusement attachant… »… http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/05/15/gilbert-lascault-au-royaume-du-visible-joyeux_1045210_3260.html

Portrait. "Critique d’art"… http://journals.openedition.org/critiquedart/1782 

Fiche wikipedia… https://fr.wikipedia.org/wiki/Gilbert_Lascault 

L'athéisme, tabou en "pays" musulman...

$
0
0

BLASPhémateur.jpgLe texte d’Angeline Montoya, 20-12-17, paru dans Le Monde, repris sur le blog de Waleed Al-Husseini (La voie de la raison), athée ex-musulman qui a payé très cher son athéisme (emprisonné par l’Autorité palestinienne, puis exilé en France où il a été déçu par l’insuffisant soutien à gauche). 

Texte très intéressant, sur la difficile liberté de conscience, liberté de ne pas croire.

Et témoignages. 

Une seule chose me gêne, c'est le nom du blog de Waleed Al-Husseini,  car "La voie de la raison » (si on l’associe à une conviction athée affirmée et à une critique sans concessions de la religion, musulmane ici) cela peut signifier que l’athéisme est le seul choix rationnel, que la raison ne peut que produire l’athéisme (mais on comprend la position de celui qui tient ce blog, lui qui a tant souffert de l’obscurantisme, et qui le combat passionnément)... Mais la raison a des tas de manières de s'exprimer. Un mystique peut être extrêmement rationnel. De même, l'athéisme peut recouvrir plusieurs sens. Notamment le rejet total de toute transcendance (même totalement étrangère aux religions et à une quelconque croyance à un Dieu personnage), ou le simple refus de croire à un Être transcendant, cette divinité unique des monothéismes. (Encore que les théologies soient fort différentes d'une religion à l'autre, un des monothéismes cultivant le questionnement légitime). 

TRAHISON française.jpgLe risque de cette association de l'athéisme et de la raison est le glissement de certains vers un militantisme antireligieux ou anti-spirituel (suivant les cas). Alors que toutes les options sont possibles pour une conscience libre.

Et c'est là cependant que ce texte est important et utile, en montrant la difficulté à exprimer ses choix personnels dans certains contextes ou lieux et certaines communautés soudées par l'appartenance religieuse. J’ai mis « pays » entre guillemets dans le titre, car le pays dépasse le territoire, et son sens aussi, les frontières étant physiques ou mentales.

Angeline Montoya insiste sur le piège tendu à des athées ex-musulmans par l’extrême droite (sites et associations) qui dit les soutenir et critique l’islam en s’appuyant sur certains discours d’athées pour attaquer en fait la communauté musulmane, et déguiser ainsi le racisme… Citation : « Ce que ses détracteurs appellent l’« islamo-gauchisme » – incarné dans le débat français actuel par le site Mediapart et son directeur, Edwy Plenel –, en condamnant toute critique de l’islam, laisse ces athées, souvent jeunes et sans grande expérience du militantisme, à la merci des véritables islamophobes. » De Waleed Al-Husseini elle rappelle la publication du livre « Une trahison française », qui, résume-t-elle, exprime « son désenchantement face à la frilosité d’une certaine gauche vis-à-vis de l’islamisme ».

Un précédent livre de Waleed Al-Husseini faisait le récit de ses épreuves, « Blasphémateur ! Les prisons d’Allah ». Ils sont à lire, et lui à soutenir, pour son courage (et pour ne pas laisser des extrémistes croire avoir le droit de le récupérer, s’il ne trouve d’adhésion apparente que chez eux, ou surtout chez eux, très faussement laïques). Je crois que les athées ex-musulmans doivent se rapprocher aussi des laïques musulmans, qui allient le fait d’être croyants et celui de s’engager pour défendre les valeurs républicaines et la liberté de conscience, y compris celle des athées issus de leur culture, mais à qui ils reconnaissent, eux, le droit de ne pas croire... Page du blog reprenant le texte... https://la-voie-de-la-raison.blogspot.com/2017/12/latheisme-tabou-monde-musulman.html?m=1

Liens. Les livres de Waleed Al-Husseini, pages des éditions et articles associés…

« Blasphémateur ! Les prisons d’Allah », page de l’édition, Grasset… http://www.grasset.fr/blasphemateur-9782246854616 

Page de RFI (« L’exil de ‘’l’athée de Palestine’’ »), sur le livre publié chez Grasset en 2015, « Blasphémateur ! Les prisons d’Allah »… http://www.rfi.fr/hebdo/20150220-blasphemateur-waleed-al-husseini-exil-athee-palestine-apostasie-conseil-ex-musulmans

« Une trahison française », page de l’édition, Ring… http://www.ring.fr/livre/livre.php/livre/une-trahison-francaise

Page de RFI (« Le brûlot de Waleed Al-Husseini face à l’islamisme »), sur « Une trahison française », mars 2017… http://www.rfi.fr/france/20170331-litterature-trahison-francaise-brulot-waleed-al-husseini-face-islamisme

Sur le site du Comité Laïcité République, plusieurs liens, revue de presse sur « Une trahison française »… http://www.laicite-republique.org/une-trahison-francaise-le-brulot-de-waleed-al-husseini-face-a-l-islamisme-rfi.html 

Le Point, mars 2017, rappelle le choc des attentats qui coïncident avec la mise en garde de Waleed Al-Husseini  et montrent à quel point il avait raison d’alerter… Citation.  « Le 7 janvier 2015, Waleed Al-Husseini dédicace chez son éditeur Grasset les premiers exemplaires de son livre Blasphémateur, les prisons d'Allah. Le doux jeune homme aux longs cheveux noirs y revient sur son parcours de blogueur palestinien athée qui, après dix mois passés dans une geôle pour "atteinte à l'islam et à la sûreté de l'État", a fui la Cisjordanie et sa famille pour rejoindre ce "pays des libertés" qu'est la  France. Soudain, son téléphone sonne : les frères Kouachi, en décimant la rédaction de Charlie Hebdo, viennent de prouver que la liberté d'expression et celle de blasphémer…»... http://www.lepoint.fr/societe/waleed-al-husseini-en-france-j-ai-vu-l-islamisation-a-l-oeuvre-30-03-2017-2115846_23.php 

Marianne, mars 2017, « Islamisme, ce Palestinien qui dénonce la trahison des élites françaises »… Extrait.« Français de fraîche date et Palestinien de naissance, le jeune polémiste Waleed al-Husseini lance dans son dernier livre (“Une trahison française”, Ring éditions) un cri de colère contre tout accommodement avec l’islamisme. / Voici un troublant regard porté sur la France. Un jeune regard où la douleur n'est pourtant pas exempte de tendresse. / Waleed al-Husseini croyait - et il croit encore - aux lumières du pays qui l'a accueilli après les épreuves subies en Cisjordanie pour « blasphème ». L'Autorité palestinienne, que seuls les Candide s'ingénient à croire laïque, l'avait jeté au cachot après avoir découvert le blog où l'adolescent revendiquait son athéisme. Il ne fut extrait de sa prison que sur intervention française. »... https://www.marianne.net/societe/islamisme-ce-palestinien-qui-denonce-la-trahison-des-elites-francaises 

Musulmans laïques… 

Tribune de Nasser Ramdane Ferradj, voix des musulmans laïques progressistes, et fondateur du Collectif des musulmans progressistes et laïques. Libération, octobre 2017… Citations : « Au lieu de faire entendre nos voix qui condamnent l’islamisme, qui défendent le droit des femmes, qui approuvent le principe précieux de la laïcité, des journaux de gauche privilégient des organisations communautaristes comme le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). (…) « Les médias donnent aussi la vedette au Parti des indigènes de la République (PIR), groupuscule identitaire dont l’animatrice, Houria Bouteldja, a publié un brûlot les Blancs, les Juifs et nous (1). Ils ouvrent micros et studios à des associations régressives comme Lallab, qui se présente comme féministe mais fait campagne pour l’abrogation de la loi de 2004, c’est-à-dire pour le voile islamiste à l’école, et invite comme modèles à suivre des femmes comme cette députée tunisienne du parti Ennahdha ayant œuvré pour que la Constitution déclare la femme «complémentaire» de l’homme, ce qui revient à lui assigner un rôle second. La réforme a été rejetée grâce aux vraies féministes tunisiennes, dont Lallab ne parle jamais. »... http://www.liberation.fr/debats/2017/10/12/nous-musulmans-laiques_1602710 

Musulmans laïques, fiche wikipedia… https://fr.wikipedia.org/wiki/Musulmans_laïcs 

Le soufisme, pour une « spiritualité laïque », "Le Courrier du Maghreb et de l'Orient"… (rempart au fondamentalisme)… https://lecourrierdumaghrebetdelorient.info/islam/islam-soufisme-entretien-45-lislam-est-une-spiritualite-laique/

Un blog, Islam laïque… http://islamlaique.canalblog.com 

Maurice Merleau-Ponty. Le regard, la création...

$
0
0

MERLEAU-PONTY.jpg« Le peintre, quel qu'il soit, pendant qu'il peint, pratique une théorie magique de la vision. »

Maurice Merleau-Ponty (cité, exergue, sur la page de France Culture).

Phénoménologie du regard ? (France Culture a donné à lire des extraits de « L’Oeil et l’Esprit » de Maurice Merleau-Ponty). Sur la page, un très beau texte sur le "voyant" visible, sur cette énigme du ressenti de la vision qui fait que voit ce "soi" qui est vu aussi. Donc un regard dans un corps-conscience perçoit en étant dans l'espace du concret, au milieu des choses. Rien d'abstrait. Expérience ordinaire de celui qui regarde. Mais ensuite, expérience extraordinaire de celui qui donne à regarder ce qu'il est seul à saisir. Matérialité de la peinture. Matérialité immatérielle de la photographie. Et, autre transcription du regard, les mots, quand il n'y a plus de trace autre que mentale.
Cette magie de la peinture, je veux bien la penser pour la photographie... Et, même, la poésie... Mais il existe aussi un regard qui crée dans l'absolu sans forcément produire une trace de son opération mentale - ou plus que mentale.
Merleau-Ponty est à relire bien au-delà d’un fragment, pour méditer avec lui sur nous, regardant… https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/mon-oeil-14-merleau-ponty-loeil-et-lesprit 

Merleau-Ponty 2.jpg« L’Oeil et l’Esprit »… « Merleau-Ponty réinterroge la vision, en même temps que la peinture. Il cherche, une fois de plus, les mots du commencement, des mots, par exemple, capables de nommer ce qui fait le miracle du corps humain, son inexplicable animation, sitôt noué son dialogue muet avec les autres, le monde et lui-même – et aussi la fragilité de ce miracle.» Claude Lefort (page de l’édition)… http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-essais/L-OEil-et-l-Esprit 

Relire aussi « Signes »… http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-essais/Signes 

Maurice Merleau-Ponty, fiche wikipedia (de la matière, beaucoup, même s’il est dit que des références manquent)… https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Merleau-Ponty 

Document PDF... Sur Philopsis... « La perception selon Marleau-Ponty », par Pascal Dupond… http://www.philopsis.fr/IMG/pdf_perception_merleau-ponty_dupond.pdf 


Cyril Chevrot, un itinéraire spirituel. (Et un blog à découvrir…).

$
0
0

CYRIL CHEVROT.jpgJe trouve ce témoignage de Cyril Chevrot particulièrement intéressant, sur son itinéraire culturel et spirituel. Une conversion à l'islam, puis un retrait car le courant qu'il avait rejoint (simplement parce que c'était là, dans le quartier) s'est révélé un piège idéologique et une déception spirituelle. Mais à partir de cela, qui a joué son rôle au moment où il en avait besoin, une ouverture de conscience s'est produite, suite à son retrait, lui évitant de basculer dans un total rejet destructeur. Il a choisi l'autonomie hors religions, qui permet de se nourrir de ce que la culture humaine a produit de fort, philosophiquement et spirituellement, en gardant de son expérience de l'islam la part haute, et en cherchant des proximités avec d'autres pensées, proches ou lointaines. Ce n'est pas non plus l'éloge d'un syncrétisme médiocre, loin de là. Je pense, en le lisant, à ce que dit Tobie Nathan de la demande métaphysique des jeunes,  qui n'est pas comprise, qui ne reçoit pas de réponses... LIRE... https://cyrilc42.blog/2018/02/01/pourquoi-je-suis-devenu-un-musulman-a-ladolescence-avant-de-sortir-de-lislam-sans-amertume-ni-violence-par-cyril-chevrot/ 

Vidéo. Cyril Chevrot lecteur d’Abdennour Bidar…  http://lactualitedessocialistes.hautetfort.com/archive/2017/08/07/cyril-chevrot-presentation-du-livre-d-abdenour-bidar-les-tis-5966008.html 

Plusieurs autres livres qu’il a sélectionnés (bon choix)… Divers auteurs...  https://cyrilc42.blog/2017/02/17/presentation-du-livre-damin-maalouf-les-identites-meurtieres-par-cyril-chevrot-video/ 

Citations d’Abdennour Bidarhttps://cyrilc42.blog/tag/les-tisserands/ 

Vidéo. Extrait du livre d’Abdennour Bidar, Les Tisserands. Sur la spiritualité individuelle… et... https://www.youtube.com/watch?v=mLsMMdZBkxA 

Sommaire du site de Cyril Chevrothttps://cyrilc42.blog 

…………………………..........................................................................................................................

(En marge de cette note, complément, entretien avec Abdennour Bidar,

Fondation Jean Jaurès

(et page de titres de vidéos )... https://www.youtube.com/watch?v=opNaP2WEYSI 

Michel Simonet, balayeur et écrivain.

$
0
0

SIMONET.jpgL'article du Nouvel observateur me donne très envie de lire ce livre de Michel Simonet. Après avoir lu avec intérêt l'art poétique de Roger Caillois (son éthique, qui s'adresse quand même plutôt aux auteurs assez connus pour risquer d'en faire usage de pouvoir, il me semble, même si certains points peuvent être adoptés par ceux qui aiment l'ombre - ou que l'ombre choisit...) je trouve que la démarche de cet homme est un art poétique en actes. Il pense la vie en libertaire "total" (total, mais non "radical"). N'ayant pas encore lu le livre je ne peux avoir d'avis sur la qualité littéraire, bien sûr (ce sera plus tard, en mise à jour). Mais j'ai l'impression qu'il y a une profondeur vécue, une sorte de sagesse qui émane de cet homme, un savoir spirituel. Et son goût pour ce métier de balayeur (cantonnier à Fribourg) me fait penser à ce que disait Stephen Jourdain ("sage" s'il en est, pour ne dire par ce mot qu'un peu de lui), dans un de ses livres, revenant sur les tâches quotidiennes qu'il aimait accomplir : balayer, frotter, laver... Sans doute parce que, par ces gestes, on entre ainsi dans un rapport physique à la matérialité du réel, on est dans l'instant pur, loin des idées trop mentales... Donc, je lirai... 

L'article de Jérôme Garcin... https://bibliobs.nouvelobs.com/l-humeur-de-jerome-garcin/20180205.OBS1714/michel-simonet-balayeur-municipal-et-ecrivain-a-succes.html

Page de la revue Conférence, 2017 (avec les illustrations, dessins de Pierre Dupont)… http://www.revue-conference.com/index.php 

Premier éditeur, diffusion Payot, 2015…. https://www.payot.ch/Detail/une_rose_et_un_balai-michel_simonet-9782940422401 

Superbe exposition de Tomoko Yoneda, Maison de la culture du Japon.

$
0
0

tomoko-yoneda-affiche.jpg« Pour cette exposition, j’ai revisité les lieux où Camus a vécu, ainsi que les endroits et les événements historiques qui l’ont inspiré, dialoguant avec les habitants de l'Algérie et de la France chères à l'écrivain pour mieux explorer en images la question de l’amour universel et radieux. Je me suis efforcée d’alimenter la réflexion sur la nature humaine, en répondant en photographies aux événements du passé, mais aussi aux ombres qui planent de nouveau sur l’Europe et le Japon. »                      Tomoko Yoneda (début de son texte introductif. Suite sur le site de la Maison de la culture du Japon, où on peut lire aussi une présentation de l’artiste, de sa démarche de photographe)… https://www.mcjp.fr/fr/agenda/tomoko-yoneda 

Camus.jpgSuperbe exposition, achevée le 2 juin. Associer les lieux d’Albert Camus, en Algérie et en France, en les reliant, à travers une démarche très consciente des questions que pose Camus, de son éthique, c’est une réussite. Les textes qui introduisent l’oeuvre de Tomoko Yoneda sont ceux d’une artiste camusienne lucide, qui veut, par le regard, lutter contre les ombres qu'elle sait menacer nos pays, ceux de Camus, mais aussi le Japon, et d’autres. Elle se réfère à « Ni victimes ni bourreaux ». Ce rappel accentue la force du message, comme la citation qu’elle fait de Camus, sur la révolte, contre ce qui manque, et parfois dans ce qui est, dans le monde. J'apprécie ce lien fait entre Camus et le Japon, lui qui avait été bien seul à protester contre l’horreur de la bombe nucléaire. 

Certaines photographies sont très grandes, d’autres petites (celles-ci associées par deux).

Présence de la lumière. Soleil d’Alger… 

La mer, bien sûr. Méditerranée, sur les deux rives : Marseille, ainsi. 

La beauté chantée par les mots de Camus, ses repères de joie. Tipaza, aussi.

La luxuriance du Jardin d’Essai. 

Mais aussi les lieux de vie : la maison du quartier populaire de Belcourt à Alger, l’hôtel de Montmartre où Camus acheva L’Étranger, la maison où il écrivit Le premier homme. 

« Dialogue avec Albert Camus », ce titre est bien adapté. Car on sent un intense échange intérieur avec l’oeuvre. On perçoit la conscience en éveil de la photographe, inquiète de la marche du monde, des pièges qui guettent, des totalitarismes toujours à l’affût, contre lesquels Camus dressait sa lucidité et la beauté de l’art, écriture et théâtre. Elle crée de la beauté, mais en choisissant des lieux porteurs et en accompagnant les photographies de textes qui en sont comme un deuxième cadre. Ce qui fait que le regard porté sur les photographies tient compte d’un hors champ conceptuel que l’artiste a disposé volontairement, subtilement. L’ombre est aussi dans le hors champ, les menaces totalitaires, la violence, la mort. Et le « je » de la photographe est dans la création, dans les questions, dans l’écoute de l’oeuvre camusienne, avec le juste recul d’un « je » qui ne se contemple pas mais dit le réel (parfois ce qui est donné à voir n’est pas banalement « beau », mais juste banal de la banalité du quotidien (la maison de Belcourt, l’hôtel de l’écriture). Réel. Le dialogue est aussi entre les temps, des lieux vus actuellement, qui ont appartenu au passé de Camus ou de son père (la bataille de la Marne). Sur le présent d’un lieu se projette la mémoire qu’on a des textes et des questionnements associés. Guerre et guerre (Mémorial des étudiants algériens). La guerre, ce meurtre collectif délégué, thème central chez Camus, même refus chez elle, habitée par l’Histoire.

Leçon d’esthétique, dans cette exposition. Il faut deux fois cadrer une photographie : cadrer par le regard qui choisit l'angle et structure, cadrer par les mots qui créent un possible hors champ, et qui ne sont pas « commentaire » mais marge offerte à la pensée. Et certaines photographies sont elles-mêmes des marges pour les autres. Comme celle de L’attente, port d’Alger. Une femme, voilée, attend. Derrière des vitres, barrées de fer. Qui est prisonnier? Elle ? (De normes rigoristes qui réduisent sa liberté de femme, et contre lesquelles d’autres femmes luttent? »). Nous ? (De peurs que des signes font naître à juste titre par le sens qu’ils véhiculent ? Ou de peurs excessives qui projettent sur des visages, autres, les ombres lues sur des masques qui cachent les corps ? Ou, comme l'analyse Camus, dans « Ni victimes ni bourreaux », la peur de dire, qui crée les silences complices. Les vitres pourraient symboliser le silence, mur invisible, abstrait mais compact). 

Dans le dossier de presse (à lire sur le site) on apprend que photographier en Algérie n'a pas été si facile pour l'artiste, constamment contrôlée, et ne pouvant obtenir d’avoir des échanges avec des étudiants. (Je me demande si c'est son intérêt pour Camus qui a dérangé un pouvoir qui ne le comprend toujours pas et qui a peur de sa liberté, contagieuse… Ou simplement la peur des regards lucides, d'où qu’ils viennent ? Pourtant son objectif était l’empathie. Répondre par l'amour aux défis du monde, morale camusienne aussi.)

Son SITE…  https://www.tomokoyoneda.com 

Lire le texte de Camus auquel elle se réfère,« Ni victimes ni bourreaux », 1948, Combat. Texte écrit contre le meurtre justifié idéologiquement au nom d’objectifs « futurs ». Éloge des « médiocres »  que nous sommes (Camus s'intègre dans ce « nous », et médiocres que nous devons être, ceux qui n’ont pas la force de supporter l’horreur de tuer). Réflexion sur la peur présente dans le monde, dans la conscience et l'inconscient des humains.

CITATIONS (c’est tellement actuel que c’est troublant, la réalité de 2018…) : 

« Le XVIIe siècle a été le siècle des mathématiques, le XVIIIe celui des sciences physiques, et le XIXe celui de la biologie. Notre XXe siècle est le siècle de la peur. » (…) 

« Le long dialogue des hommes vient de s’arrêter. Et, bien entendu, un homme qu’on ne peut pas persuader est un homme qui fait peur. C’est ainsi qu’à côté des gens qui ne parlaient pas parce qu’ils le jugeaient inutile s’étalait et s’étale toujours une immense conspiration du silence, acceptée par ceux qui tremblent et qui se donnent de bonnes raisons pour se cacher à eux-mêmes ce tremblement, et suscitée par ceux qui ont intérêt à le faire. »

« Depuis août 1944, tout le monde parle chez nous de révolution, et toujours si sincèrement, il n’y a pas de doute là-dessus. Mais la sincérité n’est pas une vertu en soi. Il y a des sincérités si confuses qu’elles sont pires que des mensonges. Il ne s’agit pas pour nous aujourd’hui de parler le langage du cœur, mais seulement de penser clair. » (…) 

« Je puis maintenant conclure. Tout ce qui me parait désirable, en ce moment, c’est qu’au milieu du monde du meurtre, on se décide à réfléchir au meurtre et à choisir. Si cela pouvait se faire, nous nous partagerions alors entre ceux qui acceptent à la rigueur d’être des meurtriers et ceux qui s’y refusent de toutes leurs forces. » 

Lecture intégrale, "Ni victimes ni bourreaux"pdf… https://inventin.lautre.net/livres/Camus-Ni-victimes-ni-bourreaux.pdf 

Camus à Combat, éditoriaux et articles, 44-47… http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-essais/A-Combat 

L’éditorial de Camus après Hiroshima, extrait, suivi de textes de rares intervenants critiques… http://pm22100.net/docs/pdf/textes/121105_CAMUS_APRES_HIROSHIMA_NAGASAKI.pdf 

LIU XIA. SOUTIEN..

$
0
0

catherine blanjean,liu xia,béatrice desgranges,liao yiwu,jean-philippe béja,chine,maison de la poésie,solidarité,poètes,poésie,liberté,répression,dissidenceRencontre, le 16 juin à 19h. Maison de la Poésie

Avec Catherine Blanjean, auteur de « Liu Xia, lettres à une femme interdite », Liao Yiwu, poète chinois exilé en Allemagne (et préfacier du livre), Béatrice Desgranges, traductrice de Liu Xia (et auteur d’une pétition de soutien, lien ci-dessous), et Jean-Philippe Béja, traducteur de Liu Xiaobo… https://www.maisondelapoesieparis.com/events/catherine-blanjean-liu-xia-lettre-a-une-femme-interdite/

catherine blanjean,liu xia,béatrice desgranges,liao yiwu,jean-philippe béja,chine,maison de la poésie,solidarité,poètes,poésie,liberté,répression,dissidence

 

 

 

 

 

Pétition de soutien. (Et informations, dont poèmes de Liu Xia traduits)… Mises à jour régulière, comme, notamment l'indication de la pétition adressée au gouvernement chinois (voir ci-dessous, fin de la note...)...  https://www.change.org/p/mme-hidalgo-après-la-mort-de-liu-xiaobo-paris-doit-afficher-son-soutien-à-liu-xia?  

Lecture des poèmes de Liu Xia, en soutien. ActuaLitté... https://bit.ly/2JN3Zvy

Et sur Culturebox…https://bit.ly/2LQinUh

De Liao Yiwu, on peut lire « Dans l’empire des ténèbres » et « Poèmes de prison ». Liu Xiaobo le considérait comme « le plus grand poète chinois de sa génération ». Le Figaro, juin 2018… https://bit.ly/2Jv2aq0

Lire aussi cet article de 2013, questionnement du poète Liao Yiwu sur la dictature en Chine et sur notre regard...https://lemde.fr/2HPRsG5

Liu Xia lit ses poèmes, Contrepoints.org…https://bit.ly/2uzU6fG

Sur une exposition de ses photographies..https://bit.ly/2JW3QJs

2ème pétition, adressée au gouvernement chinois... https://form.jotform.me/81611618372455 

3ème pétition, Amnesty... https://www.amnesty.ie/china-release-poet-liu-xia-under-illegal-house-arrest/

Sergio Larrain, photographe. Ou capturer la présence...

$
0
0

sergio larrain,photographe,photographie,xavier barral,agnès sire,irène attinger,l’oeil de la photographie,el rectangulo en la manoUn photographe, Sergio Larrain,  né à Santiago du Chili et mort en 2012. 

Dans l’article d’Irène Attinger (lien ci-dessous, L’Oeil de la photographie,) je relève deux citations de Sergio Larrain.

J’aime beaucoup sa façon de définir la démarche photographique, l’irruption de ce qui advient. Miracle, dit-il, car cela advient dans la rencontre de l'instant d'une plongée en soi et d'une présence capturée par le regard.

Et j’apprécie ce qu’il dit de la « géométrie » agissante dans ce qu’on capte en photographiant. Que la structure soit organisée autour de silhouettes ou de formes abstraites, c’est vrai : géométrie.

sergio larrain,photographe,photographie,xavier barral,agnès sire,irène attinger,l’oeil de la photographie,el rectangulo en la manoNombreuses photographies reproduites sur le site de L’oeil de la photographie et sur le site de l’édition Xavier Barral. Avec, même site, en pdf, lecture offerte de recensions de presse, de quoi glaner des informations sur l’artiste, qui s’était retiré pour méditer. Un itinéraire qui lui faisait se méfier de l’ego…  

CITATIONS...   

« Je veux que ma photographie soit une expérience immédiate et non une mastication » (...) « La photographie, comme n’importe quel art, on doit la chercher au fond de soi. L’image parfaite est un miracle, elle advient dans une irruption de lumière, de formes, du sujet et dans un état d’âme limpide – on appuie sur le déclencheur presque sans le savoir –, ainsi le miracle se produit. »  

« La réalité visible mais aussi le jeu qui consiste à organiser un rectangle sont la base du processus photographique. C’est la géométrie que je cherche, le rectangle à la main (l’appareil photo). Photographie : ce qui (le sujet) est donné par la géométrie. »... https://loeildelaphotographie.com/fr/sergio-larrain-el-rectangulo-en-la-mano/

LIVRES, éd. Xavier Barral… 

El rectangulo en la mano, 1963 (Cadernos brasileiros), réédition 2018... http://exb.fr/fr/home/343-rectangulo-en-la-mano.html

Monographie, Sergio Larrain, réalisée par Agnès Sire qui correspondit beaucoup avec lui, 2013… http://exb.fr/fr/le-catalogue/101-sergio-larrain-vagabondages.html 

Fiche auteur, Sergio Larrain, éd. Xavier Barral… http://exb.fr/fr/auteurs?id=153 

Lire aussi cet article, Le Monde, 2013. (Citation : « Sergio Larrain, qui a été membre de l'agence Magnum, n'était pas fait pour le photojournalisme et ses contraintes. Il voyait la photographie comme une révélation, un acte magique : si les conditions sont réunies, disait-il, ‘les images arriveront comme des fantômes, des esprits’ ».)… https://www.lemonde.fr/livres/article/2013/12/12/sergio-larrain-d-agnes-sire_4332733_3260.html

Viewing all 45 articles
Browse latest View live




Latest Images